Reconversion d’un Temple

Quelle est la particularité de ce projet ?
La particularité de ce projet réside en la mutation de son affectation. Le lieu de culte devient maison de quartier. L’architecture du Temple St-Luc, inauguré en 1940, classé en note 2 au recensement architectural, est empreinte de modernité, austère, voire brutale. Comment se réapproprier des espaces si intimement liés à leur fonction ? Notre travail a consisté à révéler les qualités patrimoniales permanentes du bâti et d’y insérer un usage renouvelé.

Dans quelle mesure le lieu a-t-il influencé le projet ?
Le Temple de St-Luc, construit par les architectes Paul Lavanex et Eugène Béboux, est situé à l’angle de la rue de la Pontaise et de l’avenue Jomini, en position de tête. Son implantation, sa géométrie propre renforce son autonomie et crée une césure dans le tissu urbain. L’intervention contemporaine s’inscrit entre le Temple et le pignon de l’immeuble de logement attenant. La plasticité du volume réaffirme la position de tête de l’ensemble. La nouvelle façade est conçue comme un empilement de quatre voile, articulés précisément à l’angle de la rue de la Pontaise. La transformation du bâtiment et l’extension jouent de ce paradoxe de rupture et de continuité.

Y a-t-il eu d'importantes modifications entre la première ébauche et le bâtiment achevé ?
Le projet est le résultat d’un concours d’architecture. Le programme initial demandé lors du concours n’a subi que peu de modifications. Les résultats de différentes expertises et sondages ont influencés les moyens à mettre en œuvre pour la mise en place de ce programme.

Le projet a-t-il été influencé par des tendances actuelles en matière d'énergie, de construction ou de conception ?
L’application des normes et règlements en vigueur a fortement influencé le projet. Sa nouvelle affectation en maison de quartier a nécessité l’application d’exigences relatives à usage public. Des renforcements ponctuels des dalles ont permis de répondre aux charges admissibles exigées. La mise aux normes parasismiques a nécessité la création de renforts verticaux en béton armé fondés sur micropieux. Les exigences acoustiques vis-à-vis des habitations voisines ont nécessité la mise-en-œuvre de vitrages performants, de sas et de doublages alourdis. L’affectation publique exige la ventilation en double-flux de tous les espaces. Le standard énergétique minergie est appliqué à l’extension et à toutes les parties transformées. Toutes ces mesures ont été appliquées en adéquation aux qualités patrimoniales recensées.

Quel produit ou matériau a contribué au succès de l'édifice achevé ?
Le parti architectural de placer l’intervention contemporaine dans la continuité historique du temple a amené l’utilisation de matériaux d’origine. Le crépi du Temple a été en majeure partie préservé et remis en œuvre à l’identique sur certaine surface de façade. Les vitraux des ouvertures hautes de la nef ont retrouvés leur transparence d’origines. 180 verres triples, isolants thermiques et acoustiques, composés de verres cathédrale, ont retrouvés place entre les éléments en béton préfabriqués et redonnés une lumière neutre à l’espace. Cette lumière « divine » est contrebalancée par une ouverture précise dans le flan du Temple.