Face-à-face avec la nature

Patricia Lunghi
12. August 2019
Noémie Goudal, Soulèvement I, 2018 (collage © Noémie Goudal, Galerie Les Filles du Calvaire)

Est-ce à cause des modifications climatiques que se multiplient les expositions autour du paysage ? Ce thème, qui en dit long sur notre planète, fascine d’autant plus les artistes que personne ne peut plus se contenter de regarder les paysages comme de beaux décors. A l’heure de l’industrialisation intensive, les photographes illustrent les abus que l’homme inflige à la nature. Désormais, il s’agit moins de faire découvrir des lieux exotiques et inaccessibles que de montrer un environnement en mutation et en péril. Le paysage-décor cède la place au paysage témoin de notre empreinte irréversible sur l’univers.

Le MBAL (Musée des Beaux-arts du Locle) s’invite dans le débat en s’intéressant plus spécifiquement aux représentations de la montagne. Pour Nathalie Herschdorfer, directrice de l’instution, « le paysage peut être envisagé de multiples façons que l’on soit géographe, architecte, philosophe, anthropologue, touriste ou artiste. Il témoigne de notre histoire sur la terre. (….) La montagne rapproche l’humain de la nature, le projette parfois dans des conditions climatiques extrêmes, le rendant souvent humble face aux éléments ».

L’institution a rassemblé plusieurs expositions liées par ce fil rouge et qui composent ensemble des « géographies de la montagne ». Il y a le regard admiratif pour le Jura du peintre neuchâtelois Charles L’Eplattenieravec des paysages réalisés dans la première moitié du 20e siècle. Il y a l’œuvre de l’artiste Noémie Goudalquifascinée par la relation entre le paysage physique et le paysage mental, emmène le visiteur dans un espace labyrinthique. A découvrir aussi, la carte blanche au photographe allemand Henrik Spohler qui dresse un portrait personnel du Parc naturel du Doubs. Dans le cadre de cette résidence d’artiste, Spohler a sillonné le lieu lors de longues promenades en solitaire. Entre espaces naturels et zones construites, entre rural et urbain, le photographe a observé les tensions que vit la campagne. 

Noémie Goudal, Telluris IX, 2017 (photo © Noémie Goudal, Galerie Les Filles du Calvaire)
Henrik Spohler, Doubs, Barrage du Châtelot, septembre 2018 (photo © Henrik Spohler)
Magnum Montagnes

Le MBAL s’associe à la célèbre agence américaine de photojournalisme créée en 1947 par Robert Capa pour cette exposition accompagnée d’un livre (en anglais et allemand). Bien que Magnum ne soit pas particulièrement connue pour ses paysages, elle possède des archives riches en images de montagne ; de plus, l’agence qui a toujours défendu une photographie engagée et exigeante, apportant prestige et crédit. Intitulée sobrement «Magnum Montagnes»,l’expositionréunit les images de montagne provenant de tous horizons et continents, réalisées par 50 talentueux photographes ayant parcouru le monde. 

Une version de l’exposition est à découvrir au Forte di Bard, dans la vallée d’Aoste, jusqu’au 7 janvier 2020.

 

Jusqu’au 13 octobre
Musée des Beaux-Arts (MBAL), Le Locle, Neuchâtel.
mbal.ch

Henrik Spohler, La Petite Morée (entre St-Brais et Glovelier), septembre 2018 (photo © Henrik Spohler)

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