Eloge du flou
Patricia Lunghi
27. 四月 2023
Photo : ECAL, Marvin Merkel
Fraîchement installé sur le site de Plateforme 10 à Lausanne, Photo Elysée dévoile son programme de printemps.
Des trois nouvelles expositions du musée lausannois de la photo, le volet principal du programme est consacré au flou. Fruit d’une longue recherche qui retrace l’histoire du flou en photographie, de son invention jusqu’à nos jours, le parcours débute par la peinture qui dès le XVIIe et XVIIIe siècle aborde déjà le flou comme un genre pictural spécifique, en parallèle de la peinture considérée comme saisie du réel.
Née de la nécessité scientifique de montrer et étudier la réalité, la photographie s’impose par sa netteté qui est considérée comme une forme de preuve de la vérité. Quant au flou, il est mieux accepté en Angleterre qu’en France où il est considéré comme une erreur grossière, tandis que les Anglais l’apprécient car il est moins brutal, plus doux et intime. Dans les années 1930, le flou commence à gagner en importance car la modernité est incarnée par la vitesse et le mouvement. Pour capter ce dernier, le flou est un passage obligé. Ce qui était considéré comme une erreur technique devient alors une valeur d’expression, avec son grain et ses contours effacés, le flou se fait une place dans la photo artistique.
L’exposition « Flou. Une histoire photographique » rassemble les œuvres de plus de 180 artistes de Man Ray à Sarah Moon, jusqu’à Gerhard Richter qui fait le parcours inverse en « reproduisant » par ses peintures le flou photographique.
Un autre volet du programme de Photo Elysée est consacré au physicien Gabriel Lippmann, lauréat du Prix Nobel en 1908 pour sa méthode de transcription des couleurs en photographie, basée sur le phénomène d’interférence.
Vue installation Flou (Photo : © Photo Elysee, Plateforme 10)
Ecal x Jean Paul GaultierEn contraste avec les deux autres expositions plus classiques, le projet Under your smell envahit l’espace du musée avec une installation immersive qui explore les notions de beauté et d’identité de genre. Ce thème très tendance est ici traité sous le spectre de l’image de mode. Les étudiants en photographie de l’Ecal ont proposé une interprétation visuelle personnelle des parfums Jean Paul Gaultier. Des tirages monumentaux sont suspendus, tandis que des coussins-images géants invitent le public à s’étendre. Les images parlent d’elles-mêmes et célèbrent une nouvelle définition de la beauté, cependant l’installation immersive prime sur le contenu des images.
« Flou. Une histoire photographique », « Gabriel Lippmann. La photographie des couleurs » et « Under your smell. Ecal x Jean Paul Gaultier »
Jusqu’au 21 mai, Photo Elysée, Plateforme 10, Lausanne