Le modernisme viennois
Patricia Lunghi
20. 2月 2020
Egon Schiele (1890–1918), « Sich aufstützender Rückenakt », 1910 Mine de plomb, crayon noir et gouache sur papier, 45 × 30,7 cm Vienne, Leopold Museum (Photo : © Leopold Museum, Wien/Manfred Thumberger)
Le Musée des Beaux-Arts de Lausanne explore la naissance d’une nouvelle ère.
Pour sa première exposition temporaire, le nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA) a choisi le modernisme viennois. « À fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka » se concentre sur la période entre 1897, année de la fondation de la Sécession de Vienne, et 1918, année de la dissolution de l'Empire austro-hongrois, pour montrer la contribution de ce mouvement à la naissance de l’art moderne. A cette période, le corps humain fait l'objet de recherches dans différents domaines, des sciences naturelles à la médecine, de la psychologie à la philosophie et à l’art. C’est la raison pour laquelle, les curateurs ont choisi comme dénominateur commun le thème de la peau, au sens propre comme au figuré.
Outre les peintures et les dessins, l’exposition donne beaucoup de place aux arts appliqués et notamment au mouvement des Wiener Werkstätte, association d’artistes et d’artisans dont le but fut de produire des objets décoratifs, des bâtiments et du textile. Un étage entier leur est consacré, ce qui peut décevoir certains publics venus uniquement pour Klimt, Schiele ou Kokoschka. La section « Être bien dans sa peau » explore la réforme du cadre de vie dans cette période spécifique. Avec des meubles et des objets du quotidien, le public est invité à découvrir comment les Viennois ont reconsidéré les intérieurs autour des concepts de confort, d’hygiène et de fonctionnalité.
Ainsi l’architecte et designer autrichien Josef Hoffmann, cofondateur des Wiener Werkstätte, est convaincu du rôle essentiel de l’architecte pour la création d’un nouveau cadre de vie adapté à l’homme moderne. Ses meubles n’expriment plus une condition sociale, ne contraignent plus le corps et s’intègrent dans l’espace intérieur sans donner l’impression de l’encombrer. Une de ses réalisations les plus remarquables est la « Sitzmaschine », fauteuil à dossier inclinable, assemblage de quatre cadres en bois courbé. Ses parties perforées, alignées en rangées de carrés ou de rectangles verticaux, allègent son impact visuel et son intégration dans l’espace.
« À fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka »
Jusqu’au 24.5.2020