Art à vivre
Patricia Lunghi
12. gennaio 2024
Marinella Pirelli, Film Ambiente, 1968–1969, Reconstruction sonore de Pietro Pirelli, 2022 (Avec l’aimable autorisation de Archivio Marinella Pirelli, Varese, Photo : MCBA, Etienne Malapert)
L’exposition en cours au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne fait un carton. Riche en émotions, l’exposition déploie 14 installations immersives qui interpellent les sens et met l’art à portée de tous.
Retraçant les origines de l’art immersif, l’exposition « Immersion. Les origines : 1949–1969 » ne se visite pas, elle se vit ! Au total 14 installations avec lesquelles chacun peut interagir, jouer et entrer dans l’œuvre d’art elle-même. Ces dispositifs qui sollicitent la participation du public proposent une manière ludique et immédiate d’accéder à l’art, c’est là une des clés du succès. L’exposition a accueilli 4000 visiteurs le premier weekend !
Pinot Gallizio (Giuseppe Gallizio), assisté de Giors Melanotte (Piergiorgio Gallizio), Une caverne de l’anti-matière, 1958–1959, Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea, Roma, inv. 18125 (Photo : MCBA, Etienne Malapert)
Dans la période entre 1949 et 1969, certains artistes se sont interrogés sur les catégories traditionnelles – peinture, sculpture, architecture – et ont remis en question l’espace d’exposition. Ils ont développé le concept d’expansion spatiale ou, comme l’œuvre Raemar Pink White (1969) de James Turrell, ont modifié la perception de l’espace à travers la lumière. Avec sa Caverne de l’anti-matière (1958–1959), Pinot Gallizio étend la surface picturale à une grotte entièrement recouverte de ses peintures. Pénétrer dans la grotte constitue une véritable expérience immersive, c’est comme entrer dans un tableau et se faire absorber par l’œuvre d’art. Ambiente spaziale (1967) de Lucio Fontana est l’une des premières œuvres proprement immersives qui veut transcender la peinture et la sculpture au profit d’un art spatial. Auteur d’œuvres optico-géométriques et cinétiques, Gianni Colombo réalise en1967 l’installation Spazio elastico qui plonge l’espace dans l’obscurité. Des fils élastiques, enduits d’un vernis phosphorescent, forment des cubes lumineux à travers lesquels les visiteurs déambulent. En rupture avec le quotidien, ces environnements changent l’échelle, désorientent en proposant une réalité alternative, à la fois perturbante et ludique qui fait perdre ses repères. De nos jours, l’art immersif est une expression visuelle très utilisée, notamment dans la réalité augmentée.
Judy Chicago (Judy Gerowitz), en collaboration avec Llyod Hamrol et Eric OrrFeather Room, 1966 (reconstruction, 2023) (Avec l’aimable autorisation de Judy Chicago, Photo : MCBA, Etienne Malapert)
Victime de son succès, l’exposition voit défiler une foule d’enfants et d’adultes provoquant de longues files d’attente. Son grand mérite est d’être appréciée à divers niveaux, tous publics et tous âges y trouvent de l’intérêt et se prennent au jeu. Seul bémol, le côté Luna Park l’emporte sur l’aspect didactique. De plus, les installations ne sont pas assez bien isolées les unes des autres et l’aspect immersif est souvent perturbé par les incessants aller-retour de la foule. Cependant, il s’agit de la première exposition qui retrace l’éclosion de ce type d’art et pour cela, elle vaut amplement le détour !