Un écrin d’acier pour le cinéma suisse

Patricia Lunghi
31. octobre 2019
Photo © Roger Frei

Avec sa silhouette contemporaine et son enveloppe en corten, le vaisseau d’acier oxydé émergeant du paysage verdoyant surprend le promeneur. Mais ce que ce dernier ne sait peut-être pas, c’est que sous ses pieds il y a l’équivalent de trois terrains de foot, une crypte géante qui abrite dans ses salles à -6° C des bobines de films sur 50 000 mètres d’étagères !

Conçu par le bureau EM2N à Zurich, vainqueur du concours d’architecture, le bâtimentmultiplie les références au 7e art comme ses grandes fenêtres bandeau qui rappellent des écrans de cinéma. La partie émergée de ce nouvel écrin est spacieuse et laisse pénétrer la lumière et la nature environnante dans les salles épurées.  Le nouveau Centre de conservation et d’archivage de la Cinémathèque suisse comprend deux bâtiments reliés par un passage souterrain : l’un est destiné aux visiteurs, aux chercheurs et aux collaborateurs, l’autre, construit en sous-sol, abrite les archives analogiques sur trois niveaux, à l'abri de la lumière naturelle et avec des températures de conservation adéquates. 

Photo © Roger Frei
Un patrimoine inestimable

Reconnue comme l'une des dix plus importantes cinémathèques du monde par l'étendue, la diversité et la qualité de ses collections, la Cinémathèque suisse conserve quelque 85'000 films de fiction et documentaires. Ses fonds réunissent des milliers d'heures de documents filmés en tous genres, ainsi que des millions d'affiches, photographies, scénarios, dossiers documentaires, livres et périodiques, appareils anciens, décors et objets cinématographiques. Elle est la seule institution nationale qui recueille et préserve l'essentiel de la production cinématographique et audiovisuelle en Suisse.

Dès maintenant, les archivistes, chercheurs, cinéastes, professionnels ou visiteurs peuvent avoir accès à cet inestimable patrimoine, grâce à ce nouvel outil moderne et unique dans notre pays.

Photo © Roger Frei
Photo © Roger Frei
Sauvegarde, restauration et numérisation

En 2005 déjà, le Conseil fédéral avait prévu la construction d’un nouveau Centre de recherche et d’archivage à Penthaz. Trois ans plus tard, le Parlement vote un crédit de 49,5 millions de francs, augmenté de 5,1 millions de francs pour constituer des archives numériques. Grâce à une gestion rigoureuse du chantier, le coût final de construction n’est « que » de 50,6 millions. 

En plus des espaces dédiés à la préservation des collections, le Centre possède un laboratoire destiné à la numérisation du patrimoine cinématographique, des locaux dédiés à la restauration et au catalogage des documents, un espace muséal, une salle de cinéma équipée pour tout type de projection analogique et numérique, une bibliothèque-médiathèque, ainsi que des espaces de consultation, de visionnement et de travail.

En collaboration avec la Confédération, la Cinémathèque suisse numérise ses collections afin d’en faciliter l’accès et la diffusion. La priorité est mise sur les « Helvetica », une notion qui regroupe tout matériel considéré comme faisant partie de l'héritage cinématographique suisse.

Les films de la collection et les films restaurés permettent à la Cinémathèque suisse d'organiser de nombreuses projections dans ses propres salles et notamment au Capitole à Lausanne. Le plus grand cinéma de Suisse encore en activité a été racheté en 2010 par la Ville de Lausanne. L’exploitation de cette salle historique, ouverte en 1928, a été confiée à la Cinémathèque suisse qui y organise ses événements spéciaux, avant-premières et soirées avec invités. Destiné à devenir  le lieu de projection quotidien et exclusif de la Cinémathèque suisse, le Capitole fait actuellement l’objet d’une étude sur sa rénovation.

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